Déménagement, étages sous-loués, bâtiments vendus... Plusieurs sociétés luxembourgeoises ont vu dans la crise sanitaire une opportunité d'optimiser leurs espaces de bureaux, optant pour une réduction du nombre de places assises. Mais dans un pays largements dépendant des travailleurs frontaliers soumis à des règles strictes concernant le télétravail, l'équation peut rapidement se révéler périlleuse.

Les syndicats réclament 55 jours de télétravail pour tous: 

Ce vendredi 1er juillet sonne l'heure de la fin du télétravail illimité pour les navetteurs français, belges et allemands. Nombreux sont ceux ayant peu, voire aucunement, mis les pieds au bureau depuis le début de la crise sanitaire. Au-delà de la simple peur de retourner sur son lieu de travail quotidiennement, autrement appelée le bureauphobie, résonne une autre crainte dans la tête de plusieurs frontaliers et résidents: y restera-t-il de la place pour tout le monde?

«Si je prends l'exemple de mon open space, on a douze bureaux pour 20 employés. Dans mon entreprise, tout le monde dit qu'il n'y aura pas assez de place si tout le monde devait revenir à 100%», fait savoir Marie*, employée dans une société du secteur financier. Ce ne sera cependant pas le cas, l'entreprise ayant demandé à ses salariés de télétravailler au maximum la moitié de la semaine pour les résidents, et selon les quotas en vigueur pour les frontaliers.

«Tout le monde le savait»

La situation laisse toutefois craindre une situation inégalitaire entre résidents et frontaliers. «Forcément, si l'on rencontre des vrais problèmes de place, ce seront plutôt les résidents qui resteront chez eux, au détriment des travailleurs frontaliers», poursuit Marie, qui estime que les bureaux individuels sont voués à être réduits, voire supprimés afin d'agrandir les open spaces. 

Dans cette entreprise, les problèmes de place ne datent pas de la crise covid, mais ont bel et bien été accentués par cette dernière. «Tout le monde le savait, mais personne ne s'était réellement posé la question avec les multiples prolongations des accords.» Pourtant, la situation a déjà été constatée dernièrement au sein des équipes où avaient lieu de nombreux recrutements simultanés. «Les nouveaux employés doivent être au bureau, ainsi que leurs formateurs. Avec cette situation, il y a déjà eu des problèmes de place dans certains open spaces», indique la salariée.

Une problématique également rencontrée par Moritz*. Employé dans une autre entreprise, le frontalier ne cache pas ses angoisses quant au manque de bureaux individuels sur son lieu de travail. «On s'en doutait depuis un petit bout de temps, car on voyait bien que le nombre de places avait été réduit pendant la crise, alors que le nombre d'employés restait inchangé», fait savoir le travailleur actif dans le domaine de la finance.